Dark Oldae
Partie IV
Chapitre III: La bataille de Northlan [-3653]
- Parles, intima le Sith au vieil homme qu'il maintenait au-dessus du sol à l'aide de la force.
- Je ne dirai rien, Sith, cracha violemment l'officier.
Vêtu d'une tenue d'officier de premier rang, il devait être un capitaine, voir un colonel. Ses cheveux grisonnants étaient ramenés vers l'arrière par une sorte de gel hydraulique légèrement blanchâtre qui donnait aux cheveux du vieillard un aspect gras et mal entretenus. Ses yeux marrons foncés, comme l'écorce d'un arbre, et légèrement plissés, brillaient d'une petite lueur de résistance. Au fond, il s'agissait d'avantage d'un acte vain cherchant à montrer un semblant de résistance que sa peur et les gouttes de sueur qui perlaient sur son front discréditaient rapidement. Après tout, le pauvre officier était seul. Seul si l'on omettait le Sith et les six cadavres qui jonchaient le sol. L'un des pauvres soldats de la république avait reçu un tir de fusil à diffusion en plein visage. Désormais il ne restait plus grand chose de son faciès si ce n'étaient les vagues contours d'un cou déchiqueté. Un deuxième avait perdu un bras. La trace du coup était caractéristique, une large plaie cramoisie encore fumante. Le triste bougre n'était pas mort immédiatement. Les blessures par sabre avaient le malheureux inconvénient de cautériser la plaie aussitôt le coup porté. Par conséquent, si les cibles de ce genre d'armes n'avaient pas la chance de mourir immédiatement, elles se tordaient de douleur en agonisant avant d'expirer. Un autre, ou plutôt une autre, une jeune brune aux cheveux courts à la mode militaire masculine, avait reçu un coup de lance dans le poitrail. Le porteur du coup, un mandalorian, n'avait même pas eu la fois de retirer sa lance, il avait laissé son arme dans le corps de la jeune femme, dont la pointe ressortait dans le dos, laissant une flaque de sang se former sur le sol. Les trois autres hommes étaient morts dans des circonstances relativement similaires, que détailler ne revenait à rien de véritablement intéressant si ce n'était dans le but de procurer du dégout.
Les derniers soldats du QG de Northlan avaient trouvé bon de continuer la lutte malgré la rémission proposée par le seigneur noir au milieu de la nuit. Une cinquantaine de braves combattants républicains réfugiés dans le bâtiment de commandement de la force défensive de Northlan. Leur sort n'avait pas été plus enviable que celui des centaines de soldats morts au cours des dernières heures des combats dans les grandes rues du centre-ville. Afin de minimiser les pertes, le capitaine Lafay avait voulu opérer un travail méticuleux, prendre bâtiment par bâtiment, nettoyer ruelle par ruelle afin de permettre le passage du convoi et d'atteindre le QG républicain de la ville en deux jours sans essuyer de pertes significatives. Oldae n'avait pas envisagé cette possibilité, il voulait permettre au plus vite le passage de la force principale afin de rejoindre Ariana sans craindre un revers, quitte à essuyer de lourdes pertes dans la force secondaire chargée de prendre Northlan. Prendre Ariana revêtait un intérêt majeur. Si la capitale du Garos IV tombait, le véritable état major du schisme tomberait avec, marquant la victoire définitive de la coalition. Prendre les autres planètes ne serait que formalité malgré les lourds combats qui se présageaient sur Sundari. Si Oldae tardait trop à faire tomber Ariana, rien n'empêcherait le schisme de se reformer malgré la débâcle de Ruusan. Si de lourdes pertes devaient être essuyer dans la précipitation sur Garos IV, c'était pour éviter que le conflit ne s'enlise et que les pertes s'alourdissent dans les temps forts de la guerre.
Oldae s'était joint au combat dès le début de l'après-midi et avait mené les troupes jusqu'au QG républicain. Une avancé laborieuse, ponctuait d'embuscades et de rics et coûteuses en vie humaine. Mais après plusieurs heures de combats ininterrompues et une succession d'assauts violents, la coalition avait enfoncé les forces républicaines jusqu'à son QG de Northlan.
Les derniers combattants, réfugiés dans leur place forte, avaient refusé la rémission. Un acte qui était tout à leur honneur mais auquel le Sith n'avait accordé que le crédit de la bêtise. Les braves étaient morts les uns après les autres dans les couloirs de leur QG et leur sang en tapissait désormais les murs alors que leurs corps, éventrés, jonchaient le sol. Oldae avait laissé un seul survivant, le chef ennemi. Un vieillard malicieux qui avait eu la bonne idée de rester planqué à l'abris de ses quatre murs alors que le sang de ses hommes servaient à humidifier le sable des rues de Northlan. Capturer le chef ennemi avait toujours du sens, même si il était un idiot ou un lâche, car même un lâche parlait sous la torture. A vrai dire, l'interrogatoire revêtait un sens profond quand l'interrogé était un lâche, au moins il ne tardait pas à dévoiler ses secrets sans que le tortionnaire est à se salir les mains.
Oldae n'avait normalement pas besoin de recourir à des pratiques aussi barbares pour obtenir ce qu'il voulait, l'esprit de son prisonnier était à sa merci, il lui suffisait de puiser les informations qu'il voulait. Rien de vraiment salissant ou de fatiguant. Ni gémissement, ni souffrance ni interrogatoire interminable, seuls quelques instants de recherche minutieuse dans un esprit souvent déboussolé. Pour autant, le Sith laissait rarement ses victimes s'en tirer sans garder un souvenir déplaisant de ses interrogatoires, même si ils emportaient ce souvenir dans l'au-delà. Phoebus et la jeune espionne de Jadus l'avaient appris à leurs dépens comme bien d'autres avant eux. Nombreux qualifiaient les pratiques du Sith de barbaries ou d'ignominies issues d'un profond sadisme refoulé. Ils avaient probablement raison. Mais Oldae se gardait bien de l'avouer, ne serait-ce qu'à soi-même. En vérité, il ne prenait pas de réel plaisir à torturer ses prisonniers, ça le dégoutait plus que ça ne l'attrayait. Pour autant, il était rare qu'un homme ressorte indemne de ses interrogatoires. Pourquoi ? Le Sith voyait deux raisons à cela. Une première, simple, c'était sa nature de Sith ; il était attiré par la souffrance humaine, il aimait la contempler et la provoquer, c'étaient les fondements de son pouvoir. La seconde, c'était qu'il avait un sens derrière les supplices qu'il infligeait à ses interrogés. Vengeance comme se fut le cas de Phoebus, mise en garde comme ce le fut pour l'espionne de Jadus et message comme se serait le cas pour l'officier qu'il avait en face de lui.
- C'est dommage, capitaine, soupira Oldae alors qu'en réalité il savait déjà tout ce qu'il voulait depuis la tête du soldat qui ne s'en apercevait même pas. J'aurai préféré éviter d'en arriver là mais vous ne me laissez pas le choix. Vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous.
Le Sith tourna sa main comme si il tournait une clé dans une serrure et l'un des yeux de l'homme commença à tourner sur lui-même. La victime hurla de douleur alors que le nerf optique se tordait sur lui-même. Les yeux étaient la partie la plus sensible de l'homme, atteindre le nerf optique arrachait une douleur tel que l'on disait que mourir serait une bénédiction à côté de l'énucléation. Oldae fit délicatement avancer ses doigts vers lui et l'oeil commença à sortir de sa cavité. Le nerf s'étira progressivement jusqu'à être complètement tendu alors que l'orbite devait être à cinq centimètres de la place originelle de l'oeil. Le bruit légèrement écoeurant de l'oeil qui sortait de l'orbite était couvert par les cris du vieillard ce qui évitait au Sith d'avoir à supporter le bruit de la chair qui s'étire et qui se déchire. D'un rapide mouvement de l'index, le nerf se sectionna et l'oeil fut arraché, laissant le pauvre soldat pleurer de son dernier oeil. Il était difficile de dire si les cris de l'homme avaient quelque chose d'humain, ils rappelaient davantage les plaintes d'un animal blessé qui hurlait à l'agonie.
- Tu me brises les oreilles vieillard, dit le Sith qui appliqua une pression à l'aide de la force sur la gorge du soldat, faisant terre ses cordes vocales et les hurlements qu'elles distillaient dans le petit bureau réquisitionné en salle de torture.
Le vieillard ne pouvait plus que se lamenter en silence, pleurant des larmes de son dernier oeil valide alors quel les veines de son front saillaient et qu'une coulée de sang venait, telle une cascade, se répandre sur sa joue gauche. Un spectacle peu ragoûtant. Oldae ne cessa pas pour autant ses actes que certaines personnes auraient pu qualifier de monstruosité mais, que d'autres, plus adeptes dans le domaine des supplices du corps vivant, auraient considéré comme un art subtil mêlant ingéniosité et adresse. Tout le mérite ne revenait pas au Sith, la force était bien plus pratique pour pratiquer l'extraction du globe oculaire. Les tortionnaires habituels étaient obligés de recourir à de petites pinces aux bords arrondis afin d'extirper l'oeil de sa cavité et sectionner le nerf à l'aide d'outils contondants. Une tâche bien plus laborieuse et beaucoup moins efficace tant sur le plan physique que sur l'aspect visuel.
L'opération se répéta avec le deuxième oeil mais, cette fois, le Sith veilla à s'épargner préalablement les cris du républicain qu'il laissa ensuite retomber sur le sol ensanglanté. Le soldat, devenu borgne, chercha misérablement ses yeux, grattant violemment ses deux orbites vides comme si ses yeux n'avaient pas réellement disparu, qu'il s'agissait d'une vulgaire farce d'un magicien un peu trop impétueux. Le cerveau humain inventait de drôles de fantasmes en ses temps les plus terribles. Une triste comédie à observer.
Oldae regardait le borgne se dandiner sur le sol en se grattant ses orbites, à s'arracher la peau du visage avec ses ongles, lorsque le capitaine Lafay rentra dans la pièce. C'était un homme corpulent de la quarantaine à l'air bourru avec une petite barbe qui faisait le contour de sa mâchoire. Un de ceux qui voulaient imiter la noblesse impériale visiblement. C'était un homme pragmatique et mesuré qui accordait beaucoup de crédits à la vie humaine, tout du moins à celle de ses hommes. Il aurait préféré que l'offensive dure le triple de temps afin d'empêcher le plus de morts possibles.
Lafay eut du mal à cacher son dégout en voyant le pauvre officier devenu aveugle mais il n'en dit rien. Il valait mieux éviter de faire remarquer son dégout à celui qui en était à l'organe, une simple mesure de survie particulièrement recommandée pour survivre sous les ordres de la plupart des Sith, avides des tortures peu alléchantes.
- Que puis-je pour vous, capitaine ? demanda Oldae.
- Nous avons vaincu les dernières poches de résistance et pris le contrôle de la ville toute entière. Nous avons essuyé plus de pertes que prévues mais nous devrions pouvoir nous en remettre. Le passage du corps principal est désormais assuré, expliqua Lafay. Que faisons des survivants républicains ?
- Exécutez-les, nous ne pouvons pas nous permettre de nourrir plus de bouches et de déléguer des hommes à leur surveillance. C'est malheureux mais c'est ainsi. Faites ça proprement, évitez qu'ils souffrent, ces hommes se sont bien battus, ils méritent de mourir avec dignité.
- A vos ordres, mon seigneur, approuva le soldat. Que faisons-nous pour la ville ? Je veux dire, doit-on autoriser nos hommes à, comment dire, ahh, piller ?
- J'ai promis des richesse à ces hommes, qu'ils les prennent, répondit simplement Oldae.
- Et pour les civils ?
- Que le père gris les protège des atrocités de la guerre. Il est simplement dommage pour eux que les membres de l'empire ne vénèrent pas le père gris, répliqua le Sith en se retournant vers son interlocuteur.
- A vos ordres, mon seigneur, acquiesça Lafay, marquant une pose avant de reprendre. Au fait, nous avons reçu le rapport du seigneur Erebus, la ville est sous contrôle, comme l'hôpital. La structure est quelque peu atteinte mais pleinement opérationnelle. La moitié des forces mandaloriennes ennemies ont rejoins la forteresse voisine suite à la débâcle qu'ils ont connu.
- Quel est l'état des pertes ?
- Le seigneur Erebus a perdu la moitié de ses hommes et la plupart de ses droïdes Krath, répondit l'officier. L'appui du Ralroost et de sa chasse ont permis de prendre la ville en une journée et en essuyant peu de pertes par rapport aux forces du schisme. Les hommes semblent cependant épuisés selon le rapport du lieutenant Idaho. Il doute qu'il soit possible de prendre la forteresse avec la force actuelle d'autant que le seigneur Erebus doit aussi assurer le contrôle de la ville. A mon avis, si je puis me permettre, il serait du suicide d'envoyez le seigneur Erebus avec aussi peu d'hommes attaquer la forteresse. Il en est de même de tenir la ville face au schisme. Lorsque les forces du schisme seront regroupées, le seigneur Erebus sera rapidement défait même avec le soutien de son vaisseau.
Styneth avait finalement réussi à mettre la main sur ces armes robotiques. Il s'agissait d'un véritable problème que des pirates disposent librement et troquent aussi aisément des vestiges du premier empire. Le conseil noir devait le savoir mais devait fermer les yeux, faute de temps et d'hommes à y accorder. Il faudrait changer cela, Oldae ne pouvait pas accepter que des truands s'accaparent l'héritage de ses ancêtres. Il en allait de la dignité de l'ordre Sith. Il veillerait à changer ça lorsqu'il arriverait au conseil noir.
Tout était-il que Styneth avait réussi une prouesse militaire certaine. Oldae avait bien fait de lui confier cette mission, ses espoirs étaient fondés. Styneth était un officier de talent, polyvalent, un homme de valeur qui se révélait un atout certain.
- Quel est l'état de nos réserves ? demanda Oldae.
Le soldat saisit une tablette et pianota quelques instants dessus avant de pouvoir répondre.
- La réserve directe compte 600 Nekghoules, 1 200 fantassins impériaux et 4 100 mandalorians. La réserve secondaire compte près de cinq fois le nombre de la première réserve, mon seigneur.
- Qu'en est-il d'Oriane ?
- Son bataille a fait des miracles, toutes les lunes de Ruusan sont nettoyées des forces du schisme.
- Bien, envoyez là sur Ruusan pour soutenir le général Terold. Prévenez le seigneur Erebus que je le félicite pour sa réussite, lui et ses hommes. Envoyez lui la réserve directe à l'exception de 2 000 mandalorians qui rejoindrons la seconde réserve, envoyez lui aussi quatre batteries lourdes. Donnez pour ordre au seigneur Erebus de prendre la forteresse ennemie avec les forces de la réserve. Ses forces d'origine resteront pour tenir la ville et en profiteront pour se reposer et soigner leurs blessés. Leur victoire est un bel exploit, ils peuvent être fiers d'eux, qu'ils se reposent, la réserve directe prendra le relais pour la forteresse. Envoyez Tarsan pour mener les Nekghoules, il devait s'entendre avec le seigneur Erebus.
- Immédiatement, mon seigneur, acquiesça le soldat. Et nous, que faisons-nous ?
- Dites à vos hommes de se reposer, ils se sont bien battues. Je pars avec le corps principal dès le matin, je rejoindrai les forces de Dark Kiln et Dark Ebelion au point de rendez-vous pour attaquer la capitale et en finir avec les républicains.
- Je vous remercie, mon seigneur, le remercia sincèrement le soldat.
Il marqua un temps d'arrêt où il regarda le républicain qui avait finalement trouvé refuge sous son bureau.
- Que faisons-nous de lui ?
- Envoyez le à Ariana. Il faut que nos amis républicains apprennent ce qu'il s'est passé ici et ce qui s'avance vers eux, répondit tranquillement le seigneur noir. Notre ami officier devrait pouvoir les éclairer et leur donner une petite idée de ce qui les attend. Il est temps que la république se rappelle que les Sith ne sont pas des adversaires qu'on se plait à affronter.