Dark Oldae
Partie III
Chapitre LVI: L’épreuve de la clochette
Les jours étaient passés les uns après les autres tel un battement de cils. La réunion qui avait eu lieu deux jours précédemment avait plongé la forteresse en pleine effervescence. Du petit matin jusqu'à tard dans la nuit, des centaines de personnes avaient défilé dans les grands couloirs, s'affairant à des tâches de plus en plus nombreuses de jour en jour. Le son des vaisseaux qui décollaient et qui se posaient n'avait cessé d'imbiber l'air d'Imei alors que les croiseurs de guerre descendaient l'un après l'autre dans l'atmosphère de la planète pour recevoir les derniers contrôles et les dernières vérifications avant le grand départ.
Le Sith n'avait pas cessé d'arpenter la forteresse, succédant les réunions et les contrôles ; un rythme effréné, même pour un seigneur Sith. Les requêtes n'avaient pas cessé de s'empiler sur son bureau tandis que les rapports s'enchaînaient dans la salle du trône ou du grand conseil. Oldae avait dû voir passer pas moins de mille visages différents en à peine trois jours.
Face au rythme auquel étaient soumis les soldats, la tension n'avait pas tardé à se répandre dans les rangs. Il n'y avait rien d'étonnant, les hommes n'avaient pas pu se reposer pendant deux jours, c'était tout juste si une nuit entière leur avait été accordée. L'esprit humain était fragile, trop stimulé sur une courte période, il finissait par imploser. Ne voulant pas avoir à essuyer la vague de démence qui se profilait de jour en jour, Oldae avait ordonné que le dernier jour avant le départ tous les soldats auraient le droit à un repos bien mérité. Il avait suspendu toutes les activités et avait instauré un couvre feu afin que tous puissent profiter d'une bonne nuit de sommeil avant la bataille de Ruusan. Leur dernière nuit de sommeil avant de longs mois.
Oldae n'avait pas dérogé à son couvre feu, il connaissait ses limites. Il n'avait pas fermé l'oeil depuis plusieurs semaines, se contentant de simples méditations salvatrices. Mais ses introspections ne soignaient que la souffrance physique, la souffrance de l'esprit demeurait, s'ancrait au plus profond de son esprit jusqu'à le gangréner de l'intérieur.
Le sommeil était le moment où les Sith étaient les plus vulnérables. Impuissants face aux cauchemars qui hantaient leurs nuits, les Sith n'étaient pas seulement vulnérables physiquement ; leur esprit aussi était mis à rude épreuve dans le pays des songes. Dormir devenait une souffrance bien pire que la dépression morale. Plongés dans des cauchemars horribles que le côté obscur, sous sa forme la plus perverse, veillait à modeler avec une intelligence inédite afin de faire souffrir les songeurs. Les Sith étaient à la merci de leurs peurs les plus inavouées, leurs souvenirs les plus terribles et leurs futurs les plus sombres. Un lourd tribu à payer pour se dire maître du côté obscur.
Mais malgré tout cela, les Sith demeuraient des être vivants, le sommeil leur était vital et même eux ne pouvaient pas déroger aux règles qui régissaient le vivant.
Le seigneur noir était plongé dans le monde des songes mais semblait pour autant demeurer serein. Il était allongé sur le dos, étendu de tout son long sur sa couette bleue foncée, la tête posée sur un grand oreiller de soie et les deux mains croisaient sur son torse qui se soulevait calmement au rythme de sa respiration. Ses traits étaient anormalement calmes, il semblait même détendu pour un homme qui devait revivre les pires moments de son passé en dormant. Il était vêtu d'un ample pantalon de toile foncée et d'une chemise à col chinois noire. Accrochée à son ceinturon, une petite clochette argentée pendait sur le côté de sa cuisse.
Un calme religieux régnait dans la grande chambre du Sith, seulement perturbé par les bruits réguliers d'une grande horloge comtoise dont le grand disque de fer doré se baladait d'un coin à l'autre l'horloge en suivant le rythme des secondes. A côté du lit, une petite table de chevet de bois marron, sur laquelle étaient posé une lampe de chevet et le sabre laser du Sith.
Le lit était placé contre un mur, au centre de la pièce. A sa gauche, à à peine trois mètres, l'entrée de la chambre, une petite porte en bois fermée par un lourd verrou. De l'autre côté du lit, à droite, à la même distance que la porte, une grande fenêtre entrouverte laissait le vent frais du soir rentrer dans la chambre, soulevant à son passage deux grands fins rideaux blancs.
Alors que le calme le plus absolu s'était installé en même temps que le sommeil d'Oldae, le verrou de la porte s'ouvrit de lui-même. Le loquet se souleva avant de reculer, comme tiré par une force invisible, et la porte s'ouvrit dans un léger grincement. Ce n'était pas pour rien qu'Oldae avait gardé une veille porte en bois avec ses gonds de fers grinçants, c'était une alarme censée l'alerter d'une intrusion ; et yeux du Sith s'ouvrirent subitement lorsqu'il fut réveillé par le bruit caractéristique.
- Vous voilà, murmura t'il.
A peine eut-il fini ses mots qu'un nuage de fumée noire envahit la grande chambre dans un bruit de claquement. L'oeuvre de l'arme de Styneth, adaptée à Leo. Un habile stratagème, la fumée troublait les sens affutées du Sith et l'empêchait de percevoir ses adversaires à travers la force. Sa cécité temporaire accentuait son aveuglement, incapable de recourir à la force pour se repérer ou d'utiliser ses yeux pour voir, Oldae était plongé dans les ténèbres les plus totales. En réalité, qu'il soit aveugle à cause de son combat contre l'ombre ne changeait pas grand chose ; même avec ses yeux, il n'aurait pas pu voir grand chose à travers l'opacité du fumigène.
Les apprentis le savaient, ils avaient veillé à étudier méticuleusement le Sith et ses failles. Leur plan avait été entièrement conçu sur ça. Mais ils avaient oublié deux points fondamentaux. Le premier était que le Sith pouvait aussi se repérer en fonction du touché et de l'ouï. Le second était qu'il connaissait par coeur la pièce dans laquelle ils étaient et qu'il pouvait aisément s'y repérer.
La fumée venait juste d'être répandue et la pièce baignait déjà toute entière dans la fumée noire. Les apprentis furent trop confiants de l'avantage que leur conféra la fumée, et l'un d'eux commit l'erreur de bouger trop rapidement. Oldae sentit le mouvement rapide de l'un des deux assaillants en se basant sur le bruit de pas ; le poids et la vitesse correspondait à Oriane. La jeune fille bondit dans les airs et tira son sabre. Le bruit du saut fut l'élément déclencheur pour le Sith, il se laissa tomber sur le côté de son lit alors que la jeune fille plantait son sabre à l'endroit où il devait se trouver. Ils semblaient avoir pris au premier degrés le "faite comme si vous deviez me tuer".
Le Sith tendit son bras vers l'endroit où devait se trouver son sabre et l'appela à l'aide de la force mais rien ne rejoignit sa main. Le sabre avait disparu.
Oriane était vive, elle ne laissa pas au Sith le temps de se relever et bondit en arrière, en effectuant un salto magistral, avant d'abattre son sabre vers son maître. Oldae avait vu le coup venir et esquiva de justesse le coup d'un pas en arrière. Oriane n'en démordit pas, elle attaqua de nouveau. Cette fois, Oldae se fia au sifflement du sabre laser dans l'air pour déterminer le coup et esquiva deux attaques successives avant de passer sous la lame de son apprentie et de la projeter à l'aide de la force lorsqu'il fut derrière elle. Malgré ses esquives, la lame d'Oriane l'avait frôlé à la poitrine et une petite marque cramoisie lui barrait le pectoral droit. L'apprentie frappait pour tuer.
Il n'attendit pas, il se retourna et se dirigea à l'endroit où devait se trouver la fenêtre et y bondit. Il se réceptionna sur le balcon de pierre se trouvant derrière la fenêtre. La fumée n'avait pas encore atteint l'extérieur et Oldae retrouva immédiatement le contrôle de ses sens, de nouveau capable de s'orienter grâce à la force.
Son apprentie ne tarda pas et apparut quelques instants après sur le grand balcon de pierre grise. Elle portait une tenue noire légère et moulante, dévoilant les contours de ses formes naissantes alors que son sabre vert brillait sous les reflets de la peine lune d'Imei. Le vent frais venait s'abattre sur les deux adversaires qui se faisaient faces dans un silence de mort. Les yeux d'Oriane exprimait clairement sa motivation, elle était prête à tout pour réussir l'exercice et prouver à son maître sa valeur, quitte à le tuer.
- Vous n'avez pas fait les choses à moitié, indiqua Oldae.
- Ce serait vous manquez de respect, maître, répondit-elle.
Elle s'élança vers son maître à toute vitesse et attaqua d'un large coup horizontal vers la gorge. Ce dernier esquiva de justesse et la lame manqua de peu ses carotides. Mais la manoeuvre suffit, il était derrière Oriane et put la projeter à l'autre bout du balcon d'une puissante poussée de force.
En même temps, Leo avait fait son apparition. Il portait une armure en tout point similaire à celle de son maître et portait deux sabres doubles, l'un dans chaque mains. Oldae reconnut son sabre dans une des mains de Leo. Voilà la raison de la disparition de son arme.
Au fur et à mesure qu'il réfléchissait, le stratagème des deux apprentis devenait de plus en plus complexe. Ils avaient tout prévu, priver le Sith des ses arme et de ses sens pour pouvoir s'en débarrasser aisément. Une technique audacieuse et murement réfléchie. Malheureusement pour eux, leur petit tour avait échoué mais quelque chose disait à Oldae qu'il n'avait pas encore tout vu.
Les deux apprentis s'approchèrent de quelques pas, en garde, Oriane dans sa posture basse d'Ataru et Leo, les deux sabres dégainés en une lame chacun, adoptant une posture maladroite du Jar'Kai (école des deux sabres Jedi). Oldae était désarmé face à deux adversaires armés de sabres et entrainaient à les manier. Une situation des plus difficiles. Il ne pouvait pas utiliser des illusions ou des sortilèges trop puissant de peur de blesser gravement les apprentis, et ces derniers le savaient ; ils comptaient utiliser la réserve du Sith en leur avantage. Pour autant, la sorcellerie et le sabre n'étaient pas ses seules armes ; et Oldae n'était pas non plus obligé de les ménager, il faudrait bien qu'ils ressortent de l'épreuve avec quelques contusions.
Il fléchit légèrement ses jambes tout en les écartant et porta son regard vers les montagnes d'Imei. Il plaça son bras droit en avant, tendu et le poing fermé au niveau de la ceinture, et son bras gauche ramené vers lui, le poing fermé. Cette posture était la posture traditionnelle du troisième style de combat Iridonien. L'un des styles de combat les plus redoutables de la galaxie et parfaitement adapté au combat contre les armes blanches. En usant de la force, il serait capable d'esquiver les coups et d'user du style Iridonien pour frapper.
- Je vous attends, déclara t'il.
Les deux apprentis prirent cela au sens littéral et chargèrent. Oriane était plus rapide et arriva sur Oldae en première. Elle attaqua d'un coup verticale descendant pour frapper à l'épaule, une frappe intelligente face à un adversaire désarmé. Mais elle ne semblait pas connaitre la violence du style Iridonien. Oldae avança brusquement vers l'apprentie alors qu'elle allait frapper, la saisit à son bras armé et lui asséna un violent uppercut dans le sternum. Les yeux de le jeune fille s'écarquillèrent alors qu'elle tombait sur le sol, le souffle coupée. A peine ses genoux eurent touché le sol, que son maître la saisit par l'un de ses leekkus pour la soulever et lui asséner un coup de genou dans le bas du ventre avant de la projeter violemment contre un mur. La gamine s'écrasa contre la paroi du balcon dans un cri de douleur avant de tomber lourdement sur le sol.
Oldae eut à peine le temps de se retourner pour esquiver deux coups rapides de Leo, en reprenant sa garde Iridonienne. Le premier coup visa sa gorge et Oldae l'esquiva en se baissant avant de se redresser. Le deuxième était un coup diagonal partant de la hanche que le Sith évita d'une rotation souple de ses appuis. L'esquive du Sith ne perturba pas l'apprenti, il attaqua d'une longue fente haute. Grossière erreur. Oldae esquiva habilement le coup d'une rotation du buste, se retrouvant sur le côté de Leo, saisit le bras menaçant du garçon, le leva légèrement et asséna un uppercut dans la jonction du coude. La frappe était mesurée, insuffisante pour briser mais suffisante pour faire mal. Leo hurla de douleur lorsqu'un léger "crac" se fit entendre au moment où l'articulation encaissa le coup. Oldae ne le lâcha pas, il frappa le bassin, là où s'arrêtait l'armure avant de lâcher le garçon et de lui asséner un coup de pied direct dans le torse, l'envoyant valser en arrière.
Le Sith se remit en garde, toujours d'un calme imperturbable, tandis que les deux apprentis se relevaient péniblement de leur raclée. Le Sith effectuait un subtil mélange de Tràkata (art consistant à éviter les coups de sabre à l'aide de la force) et de techniques de combat au corps à corps ; un mélange redoutable et terriblement efficace.
Sur le moment, le Sith crut que les apprentis allaient abandonner mais cette supposition se révéla très vite erronée, ils n'avaient pas encore dis leur dernier mot, loin de là ; dès qu'ils furent sur pied, les deux apprentis se remirent en garde chacun de leur côté. Ils semblaient avoir compris qu'attaquer un par un était vain, ils se feraient immédiatement recaler.
Les deux apprentis chargèrent en même temps, fermement décidés à submerger le Sith par le nombre et la puissance des armes. Oldae attendit qu'ils soient à deux mètres de lui pour frapper le sol avec son poing et provoqua une vague de force qui souffla les deux apprentis, les rejetant au loin. Immédiatement, le Sith s'élança vers Leo pour s'en débarrasser en premier. Oriane était la plus dangereuse des deux apprentis et le Sith devait se débarrasser au plus vite de l'apprenti de Styneth pour s'occuper de sa propre apprentie.
Leo se remit sur ses appuis et décida de ne pas prendre le parti de la défense en attaquant le Sith qui le chargeait. Les deux adverses se jetèrent l'un sur l'autre avec une fougue impressionnante. Leo tenta de frapper Oldae au niveau du buste à l'aide de la vitesse mais ce dernier se laissa tomber à genoux et passa sous la lame rougeoyante du jeune garçon. Il se redressa de l'autre côté et asséna directement une béquille dans la flexion du genou. Leo flancha mais ne tomba pas ; il parvint à demeurer debout et attaqua d'un large coup retourné. Oldae recula et la lame le manqua largement. L'apprenti ne se résigna pas, il se fendit avec l'autre sabre, visant la poitrine. Cette fois, Oldae esquiva et pénétra dans la garde de son adversaire, au lieu d'esquiver par l'extérieur comme il l'avait fait auparavant. Il saisit le bras fendu du jeune garçon d'une poigne solide, plaça une jambe derrière celles de Leo et lui asséna un violent crochet la gorge. Fauché par la jambe que le Sith avait placé derrière lui, Leo tomba lourdement sur le sol, sonné.
Comme il l'avait prévu dans son timing, Oldae esquiva adroitement l'attaque d'Oriane qui venait en aide à son acolyte et le combat s'engagea entre l'apprentie et le maître. Toujours désarmé, Oldae se contenta de reculer en esquivant les coups jusqu'à attendre une ouverture, se fiant à la force. Dès qu'elle se présenta, il décocha un coup de pied dans le genou d'Oriane, la déstabilisant, lui asséna un crochet au visage et lui saisit le bras pour lui placer une clé dans le dos. La douleur que provoqua la clé força la jeune fille à lâcher son sabre, qui tomba et roula sur le sol.
Mais la clé n'eut pas raison de l'apprentie ; de son bras libre elle frappa Oldae d'un coup de coude aux côtes avant de lui balancer un coup de tête arrière. Oldae sentit l'arrête de son nez se briser lorsque la tête d'Oriane le percuta et une douleur lancinante vint se figer dans son crâne. Sous l'effet de la douleur, il relâcha son emprise sur l'apprentie et cette dernière brisa la clé.
Oriane se retourna et balança deux crochets à son maître avant de frapper au sternum mais le coup rencontra du vide. Le Sith avait rapidement repris contenance, il esquiva le dernier coup de son apprenti et contre-attaqua d'un direct au visage, que l'apprentie esquiva d'une rotation légère de la tête. Oriane recula d'un pas et lança un coup de pied parabolique vers le visage de son maitre. Mais ce dernier arrêta le coup de pied, saisit la jambe et frappa la jonction du genou. Encore une fois il avait veillé à contrôler sa force et le coup ne fit que procurer une vive douleur à l'apprentie. Oldae enchaîna immédiatement, il changea de style de combat et opta pour une école du poing souple ; il frappa au foie et au pancréas avant d'asséner un direct de la paume dans la mâchoire de l'apprentie. Cette fois le coup se révéla un peu trop violent et le Sith sentit la mandibule se luxer. Oriane émit un cri de douleur et recula en se tenant à la mâchoire. Mais le maître n'en avait pas fini, il tendit une main et projeta son apprentie à l'aide de la force, l'envoyant s'encastrer contre la balustrade.
Encore une fois, les apprentis n'avaient pas dis leur dernier mot et se relevèrent de nouveau, fermement décidés à remporter la victoire malgré les blessures qui s'accumulaient. Il était temps de changer de style de combat, le temps du corps à corps était révolu et l'heure du noble art du sabre devait débuter. Oldae tendit la main et le sabre d'Oriane vola jusqu'à lui.
La jeune femme devint paniquer lorsqu'elle se vit désarmer mais Leo lui vint immédiatement en aide et lui lança le sabre d'Oldae qu'elle dégaina une fois dans ses mains. Les deux apprentis s'écartèrent de nouveau et se positionnèrent chacun d'un côté du Sith. L'heure du duel au sabre allait commencer, la phase la plus enflammée du combat. Les apprentis redoutaient le moment où ils affronteraient le Sith à l'art du sabre, ils avaient tout fait pour en finir avant qu'il ne parvienne à mettre la main sur cette arme. Mais là, c'était trop tard, ils devaient se résigner à lutter de toutes leurs forces ; d'autant qu'il leur restait encore leur botte secrète, le plan D.
Oldae se tint droit, plaça sa main gauche dans son dos, tira sa lame et effectua le salut "du ciel, de la vie et de la terre" avant de placer la lame abaissée à son côté. Cette posture était très connue, elle était caractéristique de la plus noble des formes du sabre.
- Le Makashi... murmura Oriane en reconnaissant la pose.
De tous les styles qu'Oldae avait appris à manier, il n'était expert que dans deux d'entre eux. Le premier était le style de la lame double et ses dérivés. Le deuxième était le seul style commun aux Jedi et aux Sith : Le Makashi, deuxième forme du maniement du sabre Jedi et connu comme l'école du noble chez les Sith. Les deux noms étaient différents mais la technique était sensiblement identique. Le Makashi était la forme la plus élégante et la plus noble du sabre laser, elle mêlait fluidité, précision et élégance.
- Commençons, déclara Oldae.
Les deux apprentis attaquèrent, une flamme nouvelle dans les yeux. L'ardeur du combat ne les avait pas quitté, au contraire, elle ne cessait de croître. La colère commençait à grandir dans leurs coeurs, alimentait par la haine de la défaite et la peur de l'échec. Ils avaient tout misé sur cette attaque, ils avaient attendu le dernier moment pour s'emparer de la clochette et, si ils échouaient, il en était fini de leurs rêves de grandeur sur le champ de batailles.
Oldae se contenta de bloquer les coups successifs des apprentis, évaluant leur véritable niveau de maniement du sabre. Le Makashi était un style double, adapté à la défense et à l'attaque. C'était un style complexe à utiliser, il nécessitait une souplesse du poignée impressionnante puisque la plupart des coups de cette école étaient issus d'une rotation plus ou moins rapides du poignée.
Oriane était indéniablement bien supérieure à Leo mais ce dernier veillait à ne pas se faire distancer par son acolyte. Pendant plusieurs minutes, Oldae se contenta de bloquer et d'esquisser quelques contre-attaques afin d'éprouver les apprentis. Mais rapidement, Oldae sentit qu'il perdait du terrain, la Twi'lek devenait de plus en plus agressive et précise dans ses attaques, obligeant le Sith à se battre sérieusement. Finalement, Oriane parvint à écarter la garde de son maître et tendit ses deux mains en avant, projetant Oldae à plusieurs mètres. Sa barrière encaissa le plus gros du choc et il se réceptionna adroitement d'un salto.
Cependant, les deux apprentis n'avaient pas fini leur assaut. Oriane lança une série de sphères de force qu'Oldae se contenta de bloquer à l'aide de ses barrières avant de contre-attaquer à l'aide d'une vague diffuse qui faucha Oriane mais que Leo parvint à esquiver d'une roulade sur le côté. L'apprenti de Styneth tenta alors quelque chose d'inattendu, des éclairs verts se mirent à danser sur ses bras et l'un d'eux fusa sur Oldae. Il manqua de puissance et se brisa lamentablement sur les barrières du Sith mais la performance demeurait surprenante. Le Sith ignorait, jusqu'alors, que Leo avait des prédispositions pour la foudre émeraude, c'était une grande nouvelle.
La foudre émeraude était une foudre verte utilisait par les Jedi les plus sensibles à la sorcellerie. Cette technique nécessitait de recourir au côté obscur à petites doses et ne faisait qu'assommer ou paralyser. Pour autant, c'était une technique qui, portait à un haut niveau, pouvait s'avérer tout à fait redoutable.
Leo lança un nouvel éclair, que le Sith détourna sans mal, et se mit à charger. Il réalisa une pirouette vrillée dans les airs, atterrit devant le Sith, tira ses deux lames et engagea le combat alors qu'Oriane se relevait. Oldae laissa les coups de l'apprenti pleuvoir, se contentant de parer ou d'esquiver. Leo maitrisait encore mal sa double lame, sa petite taille rendrait les coups maladroits et prévisibles. Plusieurs fois le Sith aurait pu se débarrasser de lui mais il préférait pousser l'apprenti de Styneth dans ses retranchements, laisser sa colère et sa puissance augmenter en même temps que ses échecs successifs. Alors que le duel entre Oldae et Leo continuait, Oriane tenta de rejoindre la mêlée mais fut accueillie par un éclair de son maître. Le temps que l'éclair fit gagner à Oldae lui fut prolifique pour se débarrasser de Leo et le Sith prit l'initiative de l'attaque. Il désarma rapidement son adversaire d'un shun (technique de rotation du sabre) et s'apprêtait à envoyer Leo au loin d'une poussée de force quand ce dernier se propulsa avec la force et le plaqua. Sous l'effet de la surprise, le Sith perdit l'équilibre et les deux combattants tombèrent à la renverse. Oldae comprit rapidement la raison de cette attaque saugrenue. En effet, Leo se redressa, rappela son sabre à lui et s'élança vers la rambarde en criant à Oriane "on applique le plan D".
Oriane approuva et tout deux allèrent se placer devant la balustrade; le Sith, qui s'était remis debout et en garde, s'avança doucement, interloqué par ce fameux plan D.
Soudain, Leo saisit Oriane par la taille et la ramena à lui avant de sortir un petit tube de sa poche. Oldae reconnut immédiatement l'object en question : un détonateur !
- Vous aviez dit : "faites comme si vous deviez me tuer", s'amusa Leo avant d'appuyer sur le bouton du détonateur.
Une série d'explosions retentit sous le balcon qui se mit à trembler. Des petites secousses se firent sentir aux quatre coins du balcon, au centre et contre le pan de mur censé maintenir la structure accrochée à la paroi de la forteresse. A peine les secousses furent-elles passées que des fractures commencèrent à apparaître et à se propager sur le sol. Leo fit un petit signe de la main à Oldae et se laissa tomber avec Oriane dans le vide.
Oldae se retrouva au milieu du balcon qui était entrain d'imploser. Il regarda derrière lui et s'aperçut que les fractures se propageaient sur le mur et que le balcon n'allait pas trader à chuter de la falaise en se disloquant dans les airs.
- Saleté de gosses ! s'écria t'il avant de se lancer à toute vitesse vers la balustrade et de sauter dans le vide.
Derrière lui, le balcon commençait à se disloquer et n'allait pas tarder à tomber. Oldae, qui chutait, se poussa d'une puissante vague de force contre la falaise. Il s'écrasa lamentablement contre la paroi de pierre tranchante mais parvint à s'accrocher à une prise afin de ne pas terminer sa chute.
Il chercha du regard les deux apprentis à l'origine de la situation et trouva Leo à sa droite, quelques mètres plus bas, accroché à la paroi à l'aide de ses griffes alors qu'Oriane pendait dans le vide, accrochée à son grappin. Au moins ils n'étaient pas morts dans leur connerie.
Quoique, le balcon finit par se briser sur lui même et une grêle composée des morceaux du balcon commença à pleuvoir sur les escaladeurs amateurs. Oldae dévia un morceau du balcon à l'aide de la force évitant de peu de se faire faucher mortellement.
Mais les apprentis ne furent pas épargnés par la pluie de pierre ; plusieurs morceaux tombèrent et menacèrent de les faucher. Le Sith sentit la peur grandir en Leo en voyant l'éboulement imminent.
Oldae tendit le main et mobilisa tout son pouvoir pour arrêter l'éboulement. Il sentit la force se répandre dans ses membres et son pouvoir se mobiliser. Les pierres s'arrêtèrent à peine un mètre de Leo et le Sith les envoya valser dans le vide d'une poussée de force. Mais ce que le Sith n'avait pas compris, c'était que c'était un nouveau piège des apprenti. Ils savaient qu'Oldae ne les laisserait pas mourir, et ils en avaient profité.
Alors qu'il était parvenu à arrêter la grêle de pierre, le Sith sentit Oriane se rapprocher de lui anormalement vite. Il regarda à droite, rien, juste Leo. Il regarda à gauche et vit Oriane entrain de réaliser une courbe magistrale à l'aide de la force et en se servant du grappin de Leo comme corde pour se projeter. Le Sith n'eut pas le temps de réagir, Oriane lâcha le grappin et le percuta violemment. Le Sith perdit sa prise et le maître et l'apprenti tombèrent dans le vide.
La situation était étroitement similaire à la première chute d'Oldae de sa tour, et l'idée de retomber ne l'enchanta nullement. Bien au contraire, il gardait un souvenir moyennement agréable de sa chute.
Les deux lutteurs manquèrent de peu de s'écraser sur une excroissance rocheuse mais Oldae détourna la trajectoire de leur chute du danger à l'aide de la force. Ils se rapprochaient dangereusement du lac gelé censé se trouver au pied de la forteresse et en quelques secondes, l'impact se révéla imminente. Oldae arrêta de vouloir se séparer de son apprenti, tendit les deux mains et amortit leur chute autant qu'il le put. Sous la vague de force, la glace se plia alors que l'eau s'écartait comme un cratère. La force parvint à amortir la chute mais pas à l'empêcher, et les deux individus tombèrent dans le lac.
Oriane ne laissa pas son maître se séparer d'elle, elle effectua une prise complexe pour l'immobiliser et l'empêcher de ce mouvoir dans l'eau. Tous deux sombrèrent dans les profondeurs gelées du lac. Le combat allait se jouer sur l'oxygène, le premier qui faiblirait, perdrait. Un combat de patience. Le Sith avait l'avantage, il était plus grand et plus vigoureux, sa cage thoracique était plus grande que celle de la jeune fille, et il était aussi plus entrainé à ce genre d'exercices.
Oldae comprit rapidement que se débattre ne servait à rien et se contenta de rester immobile pour ménager son oxygène. Il utilisa la force pour se réchauffer et ne pas tomber en hypothermie, ce qui arriva, en revanche, rapidement à Oriane. Après deux minutes d'apnée, la twi'lek sentit ses membres se raidirent sous l'effet de l'hypothermie et sa prise perdit en efficacité au fur et mesure qu'elle perdait conscience.
Lorsqu'il sentit son apprentie partir, Oldae défit la prise et saisit la petite par le poignée pour la remonter à la surface avant qu'elle n'avale trop d'eau. Dès qu'il fut à la surface, il plaça Oriane sur son torse pour maintenir la tête de la petite hors de l'eau et nagea d'un bras pour rejoindre la rive. La traversée lui parut durer une éternité alors que la respiration de la petite devenait de plus en plus sifflante au fur et à mesure qu'elle s'étouffait à cause de l'eau dans ses poumons.
Dès qu'il fut au bord de la rive, il saisit la petite par un lekkum et la balança sur la glace. Il se hissa à son tour et retourna Oriane pour lui appliquer les premiers soins ; il n'était pas encore trop tard.
Oldae plaça ses deux mains sur le sternum de la petite et appuya ; une fois, deux fois, trois fois. A la troisième fois la petite reprit conscience. Elle se tourna sur le côté et se mit à cracher de l'eau en toussotant.
Elle se remit sur le dos, en aspirant de grandes rasades d'air.
- J'ai gagné... murmura Oriane.
Oldae plissa les yeux et regarda l'endroit où devait être la clochette. A cet endroit, la main d'Oriane tenait fermement la clochette. Depuis le début, ils n'avaient attendu qu'une seule chose : que le Sith baisse sa garde.