Dark Oldae
Partie IV
Chapitre X: L'arrivée sur Dromund Kaas
Le Sith était installé dans un large siège noir en bout de table, une pile de documents et plusieurs tablettes posées devant lui ; et une dizaines de visages lui faisant face.
La flotte ne tarderait pas à atteindre Dromund Kaas - une heure au plus, peut-être même moins - et il avait fait convoquer son conseil pour continuer à examiner la situation de Taris, cette fois plus en détails ; tout en prenant connaissance des rapports récents de la confrérie d'espions Bothan.
- Lieutenant général O'Neil, quand est-il de la situation sur Taris ? demanda le seigneur noir à l'un des hommes présents à la table, sous sa forme holographique.
Le lieutenant se racla la gorge en remettant ses feuilles en ordre.
- Nous avons relancé le plan d'immigration entrepris avant la guerre du schisme du combattant et arrêté à son commencement. Le redémarrage se fait difficilement, d'autant que nous manquons cruellement de moyens humains et techniques pour parvenir à faire notre travail correctement et encadrer l'identification et le transfert des immigrants. Concernant leur accueil, il ne semble pas y avoir de problèmes. Nous parvenons aisément à réguler les arrivées et à rediriger les civils jusqu'aux infrastructures jointes à la cité de Taris. Les premières familles immigrantes semblent déjà avoir entrepris de se lancer dans une activité économique, profitant de leurs qualifications et de leurs connaissances dans certains domaines utiles à la ville. Mais le manque d'infrastructures freinent la croissance et nous empêche d'exploiter les qualifications de nombreux arrivants. Les premières forces du gouverneur Valkrin sont arrivées il y a deux jours, quelques 500 hommes pour l'instant. Nous en attendons le double jusqu'à la semaine prochaine. Concernant les relations entre les populations locales, nous n'avons pas eu de réels problèmes ; quelques heurts entre des immigrants et les populations Nekghoules mais rien qui ne puisse pas être contrôlé.
- Je vous remercie, lieutenant général. Seigneur Desius, quel est l'état de nos finances ?
- Comme nous le craignons, la guerre a sérieusement entamé nos caisses et les fonds obtenus par le biais du clan bancaire on presque tous étaient dépensés. Nous avions bien fait de payer nos échéances en avance malgré les majorations, nous éviterons de connaitre des mois difficiles. Je dois cependant modérer mes propos. Les impôts payés par les vassaux ont permis d'amortir une partie des frais du conflit et le reste a permis d'instaurer une base respectable dans nos caisses. Mais c'est surtout la vente des milliers de prisonniers qui nous a permis d'obtenir des finances exceptionnelles pour restaurer nos actifs financiers, au plus grand plaisir de la famille Ovista qui a su mettre à profit son comptoir commercial. Pour répondre à votre question : nos caisses se portent bien, très bien même, mon seigneur.
- Parfait. Je vous remercie pour cet exposé, seigneur Desius. Il nous revient de prendre des mesures rapides pour Taris. Faites appel à des compagnies de transports et des compagnies militaires privées pour assurer le transport des migrants jusqu'à Taris. ; nous devons franchir le quota des 10 000 avant la fin de l'année. Nous allons aussi solliciter nos vassaux, tout particulièrement les entrepreneurs privés, pour la mise en place d'installations industrielles sur Taris afin de redémarrer l'économie locale et de pallier au manque d'infrastructures. Débloquez des actifs financiers en mon nom cette fois - inutile de nous endetter d'avantage sur un faux nom - et utiliser ces fonds pour la restauration des infrastructures Tarisiennes, tout particulièrement les infrastructures sanitaires, et pour l'achat d'une station mobile d'amarrage pour vaisseau lourd. Rien d'impressionnant, de quoi accueillir une cinquantaine de personnes et amarrer un Inexpugnable.
- Ce sera fait, approuva le Kel Dor.
- Bien passons, je vous en remercie. Nous avons d'autres sujets à traiter. Maître Ukiran Mederes, quels sont les derniers rapports de la confrérie ?
- Ils sont excellents, mon seigneur. Nous avons profité de la bataille de Sundari où il n'y avait plus nécessité de surveiller autant les mouvements du schisme pour remobiliser des agents sur les cas de Dark Jadus et Dark Essias.
Le Sith plissa légèrement les yeux et s'adossa dans son siège.
- Continuez, indiqua le Sith, d'une voix peut-être un peu trop incisive.
- Immédiatement. Concernant Dark Jadus, il ne semble plus bouger. Surveillé par le conseil noir, il est en autarcie depuis plusieurs mois et dirigent l'Aigle et les opérations par le biais d'intermédiaires. Il est affaibli, mon seigneur. Il n'essaie de rien laisser paraitre mais il est affaibli. J'en suis certain. La bataille d'Imei l'a considérablement affaibli. Il ne se déplace jamais sans son cercle, souvent dans son intégralité ; limite ses déplacements et préfèrent employer sa flotte de guerre. Il ne se présente que rarement aux séances du conseil sous sa forme physique.
- Il a peur. Peur du conseil noir et de nous. Il se cache. Il sent que nous arrivons et il sait qu'il n'a plus les moyens d'agir. Il n'espère qu'une chose : la confrontation directe ; c'est sa dernière chance pour nous vaincre.
- Il reste aussi les éradicateurs, mon seigneur. Le projet n'a pas été abandonné, bien au contraire, rappela le Bothan.
- Où en est le projet ?
- Nous l'ignorons toujours. Les données sont très difficiles à obtenir sur le sujet. Nous savons simplement que les éradicateurs seraient cachés pour la majorité dans des satellites civils mais impossible de déterminer leur localisation exacte.
Un soupir du Sith interrompit le maître espion qui ne désira pas reprendre avant qu'on ne lui en donne la permission, visiblement réticent à l'idée de contrarier le seigneur noir. L'idée que Jadus pouvait utiliser une arme invisible d'une telle puissance l'irritait. C'était une variable trop difficile à envisager, trop aléatoire et trop dangereuse.
- Que savez-vous d'autres sur ces armes ?
- Qu'elles sont activables à distance. Un rapport d'un de nos agents sur Telmenis II, une planète qui a abrité un laboratoire maintenant déserté du conseiller. Il y stipule que les armes ne peuvent être enclenché que par deux personnes, possédant chacune un détonateur. L'un des détonateurs est aux mains de Dark Jadus. L'autre, auprès d'un agent en constant déplacement pour éviter d'être tracé.
- Veillez à incendier ce laboratoire dans les plus brefs délais. Général Terold, je vous laisse vous en charger. Une piste sur ce mystérieux agent ?
- Justement, sourit le Bothan. Nous savons qui c'est.
Oldae se redressa de son siège dans un élan d'intérêt.
- Vous l'avez trouvé ?
- Non, pas encore, répondit Mederes. Mais nous savons qui il est par un recoupement des pistes. Il s'agit d'un Operator, mon seigneur : Operator 9.
- Comment avez-vous réussi à vous procurer ces données ? demanda l'amiral Anderson. Les missions des Operators sont tenus secrètes et ne sont connues que du seigneur des SSI et du département chargé de les administrer.
- Par un recoupement. Un travail long et fastidieux. Nous avons réussi à suivre la trace de cet Operator depuis son retour d'une mission où il semble avoir rencontré un membre de l'Aigle. Nous avons suivi sa trace en croyant qu'il s'agissait d'un agent infiltré. Mais les éléments nous ont rapidement fait comprendre qu'il n'en était rien. Il agit pour Jadus dans le cadre du projet éradicateurs. Nous avons perdu sa trace aux alentours d'Hutta mais nous le cherchons activement.
- Continuez ainsi, nous devons le retrouvé en priorité. Il devient notre cible prioritaire, mobilisez l'ensemble des agents non-affectés pour le retrouver.
- J'y comptais bien, mon seigneur, assura avec un sourire le Bothan.
Le Sith se détendit légèrement et se réinstalla confortablement dans son fauteuil.
- Concernant Dark Essias ?
Les traits du maître espion se durcirent sous son épaisse fourrure.
- Nous n'avons que peu d'informations sur lui. Mais nous sommes parvenus à retrouver sa trace il y a trois jours mais ce n'est devenu une certitude qu'aujourd'hui. Je ne suis pas certain que cela vous plaira.
- Parlez, ordonna Oldae d'une voix dure et impératrice avec une légère touche d'impatience. Ne faites pas par demi-mots.
Ukiran Mederes tapota la table de ses doigts griffus, esquivant le regard de son seigneur et maître et se racla la gorge avant de se lancer.
- Il est sur Dromund Kaas, mon seigneur. Nous ignorons cependant pourquoi et il n'a pas été revu depuis la dernière fois.
- Sur Dromund Kaas ? répéta froidement le Sith en se levant et en faisant quelques pas, laissant involontairement un fin filet de son aura se répandre dans la pièce en même temps qu'il sentait la colère l'envahir, profondément irrité de savoir un adversaire comme Essias sur Dromund Kaas. Il est parti voir son maître, celui qui l'a envoyé me tuer. Il est venu prendre conseil auprès de lui pour me vaincre.
- Son maître ? releva Desius. Kallig ?
- Kallig, acquiesça Oldae, une pointe de colère dans la voix, incapable d'endiguer la colère qu'il sentait monter en lui.
L'idée de retourner sur Dromund Kaas ne lui plaisait guère. Il n'avait pas de lieu plus dangereux dans toute cette galaxie que cette planète dans l'état actuel des choses.
Le Sith se retrouverait sur la même planète que ses deux plus terribles adversaires, sans réelle visibilité pour l'un comme pour l'autre, et un mauvais pressentiment dans l'âme.
Lors de la remise des médailles sur Sundari, il avait senti une perturbation dans la force. Quelque chose de grave le guettait. Il ignorait s'il était le seul objet de cette perturbation mais une chose était certaine : il y était lié. Des temps sombres se profilaient pour les prochains jours, peut-être même les prochaines semaines, et Jadus ou Essias y étaient affiliés - peut-être même les deux.
Le seigneur noir ne supportait pas une telle pression. Cela le rendait fou de rage. Il était habituellement un homme d'une très grande sérénité. Il ne sombrait jamais dans les tourments de la colère, il s'y refusait, se préférant adepte de la sagesse, de la patience et de la compréhension. Mais s'il était un homme calme, il était aussi un homme pragmatique ; et à ce pragmatisme venait s'ajouter un esprit profondément calculateur. S'il détestait quelque chose en ce monde, c'était de ne pas avoir de visibilité. Et dans ce cas précis, source de tous ses tourments depuis plus d'un an, son esprit calculateur était mis à mal, son pragmatisme devenait son ennemi et son calme se résignait à sombrer dans la désuétude au profit de l'anxiété et de la paranoïa ; des sentiments qu'il exécrait pour leur nuisance.
Oui. Si il détestait bien une chose, c'était de ne pas pouvoir prévoir, percevoir et maitriser les choses ; être contraint à l'adaptation forcée, celle qui conduit à l'erreur et qui profile l'échec.
Ses adversaires n'étaient pas ses seuls problèmes ; ils étaient même les derniers de ses soucis. Les plus urgents allaient concerner le conseil noir. Dès son arrivée, il allait devoir demander une audience auprès du conseil pour lui présenter le Mandalore et espérer qu'une alliance soit conclue entre le second empire et les clans mandalorians. D'une part pour placer le chef des mandalorians sous la protection directe du conseil et de ses armées et ainsi pouvoir se décharger de la pesante charge que représentait la protection du Justifié. D'autre part, son avenir, sa vengeance et la manière dont il comptait se débarrasser de Jadus dépendaient de ce traité.
Et en l'état actuel des choses, même s'il savait qu'un tel traité serait ratifié, il demeurait une part d'ombre née de l'ignorance et de l'imperceptibilité de l'avenir. Et ça, ces variables incertaines, ça l'irritait à un tel point qu'il sentait la colère monter ; cette putain de colère issue de l'impuissance et de la peur - cette expression si humaine qu'il s'était jurée d'oublier. Elle était presque imperceptible, une lueur dans les ténèbres de sa sérénité mais elle était bien là et elle le gangrénait. Tant que les sources ne seraient pas annihilées, elle croitrait... Elle croitrait jusqu'à ce que la folie et la paranoïa le gagnent ; ces sentiments qui guettaient tous les seigneurs noirs convoitant les sphères du pouvoir.
D'un grognement roque, il abattit violemment son poing sur la table et la fracassa, la pliant en deux.
Tout autour, les personnes sursautèrent, même Ilis ; le conseiller Ateï alla même jusqu'à se lever de sa chaise et à amorcer un mouvement de recul.
La stupeur aux yeux, ils regardèrent tous le seigneur noir avec scepticisme et peur. Crispés, n'osant dire ou faire de peur de s'attirer ses foudres - seul Desius demeura de marbre après un léger sursaut minutieusement masqué.
C'était la première fois qu'il le voyait ainsi ; livré à la colère. Tous. Sauf Ilis ; elle qui connaissait bien cette part d'ombre née du côté obscur mais sévèrement réprimée.
Un silence pesant menaça de s'installer lorsque l'amiral Anderson prit le courage de le briser, volant l'initiative de peu à Ilis et Desius.
- Je pense qu'il vaut mieux nous arrêter là, mon seigneur. Vous êtes fatigué et nous aussi. Dans une heure nous serons arrivés, il nous vaut mieux prendre du repos. Des jours difficiles nous attendent.
Le Sith jeta un regard meurtrier à l'amiral et Ilis craint un moment que le seigneur noir ne le tue dans un excès de rage. Mais, étrangement, il se contenta simplement de dire, toujours avec une voix incisive et d'une froideur exagérée : "Je vous laisse régler cela, amiral. Je serai dans ma salle de méditation, prévenez-moi lorsque nous serons arrivés. Le capitaine sera le seul que j'accepterai de voir pendant ce temps, j'ai des ordres à lui donner". Et il quitta la pièce, laissant derrière lui un silence de mort et un sillon de peur.