Dark Oldae
Partie IV
Chapitre II: Le triste état du Ralroost
La navette impériale se posa dans l'un des hangars de l'ancien vaisseau républicain, au coeur d'un grand espace vide dont le sol, composé de plaques d'acier translucides, renvoyait les faisceaux de lumière projeté par les néons grésillants qui parsemaient le plafond du hangar. Ce dernier était entièrement vide si l'on omettait la poignée de mécaniciens qui s'affairaient à remettre en ordre des caisses de matériel tombées suite aux secousses de la bataille. Les soldats ne semblaient pas avoir le coeur à l'ouvrage, ils travaillaient avec une lenteur exagérée qui témoignait de l'état dans lequel était plongé le Ralroost depuis la fin de la bataille de Ruusan.
La bataille s'était achevé il y a plus quatre heures et, depuis, le Ralroost n'avait pas émis la moindre transmission. Le vaisseau semblait dériver dans l'espace comme si il n'était qu'une épave.
Aussitôt les réunions qui avaient suivi la bataille spatiale, Oldae avait décidé de se rendre sur le Ralroost pour prendre des nouvelles du rescapé de l'explosion de la station ainsi que de l'état du vaisseau.
Oldae sortit du vaisseau, sans que personne ne vienne l'interpeller. Le Sith avait troqué son habituelle armure avec une ample chemise de tissu noir avec de longues manches bouffantes. Il portait un pantalon d'un marron très foncé, presque noir, et des bottes hautes en cuir sombre. Il n'avait pas pu se résoudre à continuer à portée son armure ; il l'avait porté pendant plusieurs heures de suite, dont la bataille, et avait fini par saturé sous l'étouffante carapace faite du mythique minéral. Son sabre était dissimulé dans sa manche bouffante, aisément à portée de main, n'ayant pas la possibilité de l'accrocher à sa taille, faute de ceinture.
Personne ne vint s'adresser au Sith avant qu'il n'ait franchi la porte du hangar, où attendaient deux soldats, faisants davantage office de figurants dans le décor monotone des grands couloirs que de véritables gardes. Les deux républicains étaient adossés sur un mur, armes et casques au sol, et se parlaient sans véritable conviction. L'habituelle humeur des membres de l'équipage, qu'un profane du vaisseau aurait décrit comme "détendue", avait laissé place à un formalisme de façade qui traduisait en réalité l'état de décrépitude qui régnait dans le Ralroost depuis la fin de la bataille. Oldae n'eut même pas besoin de sonder l'esprit des soldats pour savoir que ces derniers étaient focalisés sur l'état de leur capitaine.
Lorsque les deux hommes virent un visage inhabituel, vêtu comme un civil, ils bondirent de la paroi sur laquelle ils étaient adossés et barrèrent le chemin au Sith, non sans avoir maladroitement récupéré leurs armes.
- Qui t'es toi ? demanda l'un des soldats.
- Vous ne reconnaissez pas un seigneur Sith quand vous en voyez un ? lui demanda à son tour Oldae.
Les yeux du soldats s'écarquillèrent et il essaya de bégayer quelque chose mais sa tentative se révéla rapidement un échec et son compair dû lui venir en aide.
- Excusez-nous, seigneur, on est pas très au fait des choses, ahhh, qui se passent en dehors du vaisseau, alors pardonnez-nous, essaya de le dépatouiller le deuxième soldat. Vous voulez que j'annonce quelqu'un à Emil, enfin au sergent Sanders je veux dire ?
- Ca ne sera pas utile, répondit Oldae en appuyant sa réponse d'un hochement négatif de la tête. Ou pourrais-je trouver le sergent Sanders ?
- Bah, à c'te heure il doit être sur la passerelle, mon seigneur, répondit le même soldat. Tu sais où il est, Jerem ?
Le deuxième soldat, le dénommé Jerem, regarda son partenaire avant de ramener son regard vers Oldae et de lui répondre, la voie quelque peu tremblotante.
- Il doit être sur la passerelle à cette heure, ouais, je pense aussi, acquiesça t'il.
- Bien, je vous remercie, messieurs, les remercia le Sith d'un salut de la tête. Retournez à vos activités.
Oldae dépassa les soldats et prit la direction de la passerelle de commandement. Il ne croisa pas grand monde sur son chemin. Et, encore, les rares personnes qu'il croisa ne lui accordèrent pas même un regard, plongés dans une sorte de transe dépressive.
Le Sith fut forcé de constater que le malaise était tout aussi présent sur la passerelle. Les quelque soldats présents parlaient entre eux, toujours une lueur fantomatique dans les yeux, et se fut à peine si ils remarquèrent le Sith lorsqu'il entra.
Le sergent Sanders était assis sur une chaise, face à la grande baie vitrée qui donnait pour seul et spectaculaire panorama l'espace dans sa perfide immensité ténébreuse. Au pied de la chaise, sur le sol, une bouteille d'alcool vide était posée sur le sol, une sorte de bière premier prix des faubourgs de Dromund Kaas que les soldats avaient du acheter lors de leurs permissions dans la capitale impériale.
- C'est un beau paysage, dit Oldae lorsqu'il fut derrière la chaise d'Emil.
- Lui, au moins, il ne vous trahira pas, déclara le sergent, d'un voix lointaine comme si il se parlait seul. Il ne vous laissera pas croire ou espérer ; les choses que l'espace vous donne, il faut les gagner.pour les obtenir. Il n'y a pas de désillusions à avoir, pas comme la vie humaine.
- Vous semblez drôlement négatif, sergent.
- Et vous, vous êtes trop joyeux pour être du Ralroost, répliqua Sanders sans même se retourner. C'est Oldae qui vous envoie ?
Le sergent ne semblait pas avoir reconnu le Sith. A dire vrai, il ne l'avait jamais vu sans son masque et son armure. Pour les soldats du Ralroost, tel que lui rappelait souvent le capitaine, Oldae était un trou noir à la voix grave sous son masque de cortosis.
- Nous pouvons dire ça, en effet, répondit simplement le Sith.
- Asseyez-vous, vous serez mieux assis, l'invita Emil en montrant une chaise vide du doigt.
Oldae s'avança vers la dite chaise, la saisit et la ramena à côté de celle d'Emil avant de s'y assoir.
- Que puis-je pour vous ? lui demanda Sanders, d'un air distrait, n'accordant en réalité pas de véritable intérêt à la réponse.
- Je suis venu prendre des nouvelles de l'état du capitaine et du Ralroost, répondit le Sith.
-Oh bah vous savez, je sais pas vraiment lequel va le mieux. D'un côté, on a le capitaine qui est presque mort, pour pas dire qu'il est mort si O... enfin, si le médecin de bord ne le maintenez pas en vie, se rattrapa de justesse Emil. Et puis, le Ralroost, bah, tout le monde est dans un état second, les gars vivent mal l'état du capitaine. Ils ont peur de le perdre, forcement l'ambiance va avec. Il y a rien de glorieux.
Lorsqu'il entendit le O, le Sith fit appel à toute sa volonté pour ne pas sourciller et continuer à faire comme s'il n'avait rien entendu. Si Sanders ne l'avait pas reconnu, il n'était pas nécessaire de lui révéler l'identité de son interlocuteur. La situation avait un aspect cocasse qui amusait le Sith et le relaxait quelque peu après les dernière heures éprouvantes qu'il avait vécu.
En réalité, lorsqu'il était arrivé sur le Ralroost et qu'il avait sondé le vaisseau, il avait bien senti qu'Oracle n'était pas dans les quartiers qui lui étaient réservés mais auprès de son maître, et avec Ilis qui plus est. Cela n'avait rien d'étonnant, Styneth était mourant, Oldae l'avait bien senti, et il n'y avait personne dans le Ralroost, en dehors d'Oracle, capable de le maintenir en vie. Oldae ayant rappelé ses hommes exceptionnellement, l'aide de camp avait pu sortir sans qu'il soit mis au courant. C'était une situation que l'on aurait pu qualifier d'exceptionnelle et dotées de circonstances atténuantes, ce qui pourrait contribuer à ce que le Sith passe l'éponge pour cette fois.
- Je suppose que je ne pourrai pas voir le capitaine ? l'interrogea le Sith.
- Ca risque d'être difficile, le médecin a dit qu'il ne devait recevoir aucune visite, se précipita de répondre Sanders en regardant Oldae. Encore, si vous étiez le seigneur Oldae, je pourrai rien dire, mais là, voilà.
- Je comprends, ce n'est rien, lui répondit le Sith, avec un large sourire.
Il commença à se lever, décider à faire les choses par lui-même sans l'accord du sergent, mais Sanders l'arrêta en mettant sa main sur son avant-bras.
- Vous n'allez pas repartir maintenant, ça aurait été une perte de temps, restez un peu. Vous me tiendrez compagnie va, indiqua Emil en se levant. Vous voulez boire quelque chose ?
Dès lors, la situation prit des allures... troublantes et peut-être même burlesques, que le Sith se garda bien de taire tout au long du reste de sa vie.
- J'évite de boire en service, ça ira, je vous remercie sergent, refusa poliment Oldae.
- Faites pas votre forte tête, votre seigneur en sera rien, lui lança Emil avec un grand sourire.
Oldae le regarda puis finit par soupirer, consentant à sa défaite.
- Ma fois, si vous insistez, je ne peux pas refuser, je suppose, approuva Oldae en se remettant à l'aise dans son siège.
- Voilà une réponse constructive... commença le soldat avant de s'arrêter, ignorant le nom de son homologue. Vous avez bien un nom ?
Le Sith arbora un large sourire avant de répondre.
- Anarell Sommens, se présenta t'il.
- Anarell ? C'est pas commun ça comme nom. Enfin, vous me direz que vous êtes né dans l'empire, et je suis pas un expert en nom d'impériaux, en fait je m'y connais pas du tout. J'avais plus l'habitude de les tuer que de leur demander leur nom, gloussa Emil après sa boutade, à laquelle Oldae s'octroya le droit de sourire sincèrement. Et c'est d'où ?
- Mes parents étaient originaires d'une petite planète du nom d'Orial, au nord de l'empire mais je suis né sur Dromund Kaas.
- Orial ? Connais pas. Je m'y connais pas vraiment en géographie impériale non plus. Qu'est ce que vous voulez ? On peut pas être en bon en tout ! s'amusa le sergent.
- Vous avez tout à fait raison, sergent.
- Ohh, appelez-moi Emil, Anarell, dit le sergent en faisant un mouvement de sa main.
- Je suppose que je ne peux pas y déroger, Emil, s'amusa le Sith face à la situation originale qu'il vivait. Et Emil, c'est d'où ?
- Corellia, la patrie des meilleures pilotes !
- Et des pires contrebandiers, le nargua Oldae.
Sanders, alors entrain de revenir vers sa chaise une bouteille d'alcool à la main, se figea et regarda intensément Oldae. Ce dernier craint un moment avoir vexé le sergent mais ce dernier finit par exploser de rires.
- Ces deux métiers vont souvent très bien ensemble ! parvint à dire Emil entre deux fous rires. Tenez, une bouteille comme celle-ci ne se boit pas à la rustre, ça serait du gâchis, dit-il en tendant un petit verre à Oldae.
L'alcool qu'il tenait à la main était tout à fait inconnu au Sith. Il semblait s'agir d'une sorte de liqueur fortement alcoolisée faite à partir de fruits des bois dont Oldae ne parvenait pas à déduire la nature.
Il accepta le verre et laissa le sergent le lui remplir, peut-être même un peu trop haut. Les deux hommes trinquèrent et burent chacun une gorgée de la drôle de liqueur.
Putain, le Sith ne fut pas déçu. A peine le liquide se fut-il répandu dans sa gorge qu'il sentit ses muqueuses lui brûler comme si ces dernières étaient entrain de s'embraser. Il sentit ses yeux s'écarquiller et déglutit avec difficulté. Il regarda son camarade de beuverie, devenu tout rouge lui aussi, et qui semblait dans le même état.
- Putain, satané alcool, c'est pas de la pisse de chat, ça c'est sur ! cracha Emil avec difficulté.
- Je ne vous le fais pas dire, acquiesça le Sith en manquant de tousser. Mais où avez-vous trouvé ça ?
- Dans une petite boutique dans les bas-fonds de Coruscant. C'est une veille bouteille, elle date d'avant la... d'avant la désertion, vous voyez.
- J'ignorais qu'on trouvait des alcools comme ça dans les bas-fonds de Coruscant.
Emil sourit avant d'avaler le reste de son verre d'une traite. Alors qu'Oldae aurait pensé qu'il s'arrêterait là, le sergent reprit la bouteille et se reserva un verre entier.
Les deux hommes gardèrent le silence un moment, Oldae se contentant de siroter son verre par petites gorgées alors qu'Emil vidait son troisième verre à grande rasade.
- Ahhh, sale journée, soupira Emil en finissant son troisième verre.
- Je ne vous le fais pas dire... J'ai perdu 2 378 hommes aujourd'hui, soupira à son tour Oldae.
Le sergent ne sembla pas faire le lien dans les paroles du Sith, probablement l'esprit embuée par les vapeurs de l'alcool, et explosa de rires.
- Ce n'est pas de votre faute. Ne dites pas ça comme si c'était de votre faute, c'est plutôt la flotte de The Mask, s'amusa le sergent, euphorique.
- The Mask ?
- Ah oui, merde, j'avais oublié... s'aperçut le sergent avec un léger malaise. Le dites pas à Oldae mais c'est comme ça qu'on l'appelle ici !
- Et pourquoi The Mask ? s'amusa Oldae, alors que l'on parlait justement de lui.
- Parce qu'il a toujours son masque, j'ai jamais vu son visage. Jusqu'à ce que le capitaine me dise le contraire, je pensais qu'il y avait un trou noir derrière son masque. On avait même parier avec l'équipage ! Mais apparemment non, rigola le sergent.
- D'où le trou noir de la cérémonie des serments, murmura Oldae, comprenant les termes de Styneth quelques semaines plutôt.
- Vous dites ?
- Rien, vous avez dû mal entendre.
- J'ai cru, putain d'alcool, je devrai boire moins, gloussa Emil. A ouais, le dites pas à Oldae non plus, hein ?
- De ? demanda le Sith qui était enfin parvenu à finir son verre.
- Bah vous savez... que je bois, susurra Emil comme si il s'agissait d'un secret bien gardé.
- Ne vous inquiétez pas, je serai aussi muet qu'une tombe, le rassura Oldae avec un grand sourire.
Emil écarta grand les bras.
- Alors me voilà sauvé, gloussa de nouveau le sergent avant de resservir un verre au Sith, pourtant non consentant.
- Malheureusement, je vais devoir vous laisser, Emil, j'ai à faire, déclara Oldae en posant son verre une fois rempli et en se levant.
- J'imagine que je ne pourrai pas vous en dissuader cette fois ? demanda le sergent.
- Vous avez raison, approuva le Sith.
- Bien, bon, je vous souhaite un excellent retour, Anarell, le salua Emil. J'espère que nous nous reverrons. Ah oui, sachez que vous m'avez fait changer d'avis.
- Sur ?
- Il y a pas que des cons chez les impériaux, gloussa Emil.
- Je suppose que je dois vous remercier, à bientôt, le salua Oldae avec un sourire avant de quitter la passerelle et d'ajouter lorsqu'il se fut éloigné du sergent. Nous nous reverrons bien plus vite que vous le croyez, sergent.
La discussion avec le sergent avait, étonnamment, amusé le Sith. A vrai dire, elle l'avait même détendu pour ne pas dire reposé. La pression de la bataille et des réunions l'avait progressivement abandonné pour laisser place à l'habituelle sérénité sous les coups de la discussion rocambolesque qu'il avait eu avec le sergent.
Mais sa discussion avec Emil n'était pas l'objectif de sa visite, il était venu voir Styneth. Le sergent lui avait menti pour couvrir Styneth et son aide de camp, peut-être même Ilis, et avait assuré que personne ne pouvait voir le capitaine dans son état actuel. Il était certain que Styneth était dans un triste état, en cela, Oldae était sûr qu'Emil ne lui avait pas menti. Pour autant, le Sith ne comptait pas renoncer à voir Styneth, il était venu pour cela et ne repartirait qu'une fois qu'il se serait aperçu personnellement de son état.
Il ne tarda pas à arriver à un croisement juste avant l'infirmerie et y fit la rencontre du capitaine Crawler. Le Chiss avait dû apprendre l'état de son ancien capitaine et était venu prendre des nouvelles de lui.
Crawler se stoppa net lorsqu'il vit le seigneur noir.
- Seigneur ? Que faites-vous ici ? lui demanda t'il, surpris de voir le Sith, et, surtout, sans son armure.
- Je suis venu prendre des nouvelles du capitaine, je voulais m'assurer moi-même de l'état dans lequel mes ordres l'avaient mis, lui répondit le Sith.
- Dans un triste état il semblerait selon les hommes, indiqua d'une mine sombre Crawler en venant jusqu'à Oldae. Je m'y rendais aussi, allons-y ensemble si vous voulez bien.
- Je vous en serai gré, capitaine.
Les deux hommes s'engagèrent ensemble dans les couloirs pour rejoindre l'infirmerie non loin de là. Oldae avait senti la présence de trois individus dans la chambre du capitaine. Il avait reconnu Ilis et Oracle mais pas la troisième. Pourtant cette dernière était sensible à la force et semblait même savoir la manier, ce qui surpris Oldae.
- Y a t'il des personnes sensibles à la force dans le Ralroost en dehors du capitaine et du lieutenant Griggs ? demanda Oldae.
- Oui, acquiesça le Chiss. Il y a Bosks.
- Bosks ?
- Un Besalisk, il est le chef mécanicien du vaisseau. Il sort rarement, c'est pour cela que vous ne l'avez jamais vu. Je m'y connais peu sur la force mais il paraît qu'il y est particulièrement réceptif.
- Ce vaisseau est vraiment un arche pour âmes perdues, s'étonna Oldae. Combien de mystères cachent encore ce vaisseau ?
- Probablement plus qu'une vie vous le permettrez, seigneur, lui répondit avec un sourire Crawler.
Les deux hommes ne tardèrent pas à arriver devant la chambre médicale de Styneth. Alors qu'ils allaient rentrer dedans, le fameux Bosks en sortit. Il était véritablement immense, plus de deux mètres vingt probablement. Marron foncé sur la tête, les bras et les jambes, il était légèrement plus clair au niveau du corps alors qu'une épaisse couche de graisse dépassait au niveau de son ventre, contrastant avec la vélocité du Besalisk. Ses quatre bras étaient tellement musclés que la largeur de ses membres devait être supérieure à la circonférence de la tête du Sith, et se terminaient par de larges et courtes griffes que l'on retrouvait aussi à ses pieds. Sous sa gorge, une poche de graisse pendait et se baladait au gré de ses mouvements de tête. Le visage oval de Bosks était pourvu d'une large carapace rigide et bosselée qui protégeait son crâne alors que de longues dents armaient une large mâchoire au-dessus de laquelle pétillaient deux petits yeux jaunes. L'ensemble était recouvert par une peau marron, parsemée de tâches plus ou moins foncées qui alimentaient les contrastes de la peau rugueuse. Le rendu était impressionnant que l'on omette ou non la sensibilité manifeste avec la force.
Lorsqu'il vit le Chiss, Bosks arbora ce qui devait être un large sourire, à l'aspect davantage carnassier qu'accueillant.
- Crawler, ça faisait longtemps ! l'accueillit Bosks.
- En effet, Bosks, comment vas-tu ?
- Je vis ma vie, je fais mon boulot, je m'occupe de Riley quoi, répondit le Besalisk.
- Ryley ? demanda Oldae.
- Le Tak'ata de Styneth, expliqua Crawler.
Un Tak'ata dans un vaisseau... Il n'y avait que Styneth pour avoir l'idée de mettre une créature pareille dans un croiseur de guerre.
Le Besalisk se tourna vers le Sith.
- Et lui, c'est qui ce petit ? demanda Bosks au Chiss.
- Il s'agit du seigneur Dark Oldae, présenta Crawler, gêné par le "petit". Tu en as déjà entendu parler je suppose ?
Oldae s'amusa du "petit" mais n'en laissa rien paraitre.
- Le fameux glaçon... Il semblerait qu'il est un visage, tout le monde disait qu'il avait un trou noir derrière son visage. Surtout Emil, et Emil perd jamais normalement, s'amusa Bosks.
- C'est ce que j'ai cru comprendre moi aussi, déclara Oldae.
- Et c'est lui qui est censé vaincre un conseiller noir ? rigola le Besalisks. T'es sûr qu'il a la carrure nécessaire? Il me semble plutôt frêle.
Crawler voulut dire quelque chose mais Oldae le devança.
- Et vous vous êtes gros, pourtant je parierai que vous êtes vif, le nargua le Sith. Les apparences sont souvent trompeuses, vous devriez le savoir mieux que quiconque pour un maître du côté obscur.
Bosks le regarda intensément avant d'exploser de rires.
- Je suppose que vous avez raison, seigneur Sith, dit le Besalisk.
- Nous voilà sur un accord, déclara Oldae en essayant de rentrer dans la chambre mais le Besalisk lui barra le chemin, soudain très sérieux.
- Je ne crois pas que je puisse vous laisser passer, déclara Bosks en se montrant de toute sa taille et en mettant sa main devant lui pour empêcher le passage.
- Oh ? dit gravement Oldae en levant les yeux pour pouvoir voir le visage de celui qui lui barrait le chemin.
- Bosks, ne fais pas ça, c'est une mauvaise idée, lança Crawler.
- Je suis au courant du procès du capitaine, il ne vaut mieux pas qu'il rentre, répliqua le Besalisk, fermement convaincu de ne pas laisser rentrer le Sith en la présence d'Oracle.
La tension monta rapidement entre les deux maîtres de la force sous le regard inquiet de Crawler. Mais alors qu'elle risquait d'atteindre un point de non-retour, une voix qu'Oldae connaissait bien se fit entendre dans la chambre du capitaine.
- C'est gentil à vous Bosks mais laissez-le rentrer. Vous n'êtes pas de taille et cela ne ferait qu'attirer des ennuis supplémentaires au maître. De toute façon, il sait que je suis ici depuis longtemps, déclara la voix d'Oracle.
- Vous êtes sûre de vous, dame de fer ? demanda le Besalisk.
- Certaine, approuva t'elle.
Bosks reporta son regard vers Oldae.
- Je suppose que je n'ai pas le choix, dit-il en ramenant sa main à lui et en s'écartant.
Oldae quitta des yeux le Besalisk, qui le dévisageait encore, et rentra dans la chambre suivi de Crawler, dont la tension commençait tout jute à descendre.
La chambre était une petite pièce blanche avec un mobilier des plus sommaires. Un lit médicalisé sur lequel gisait Styneth, inconscient, une petite armoire et une étagère basse. Le capitaine portait un large bandage à l'épaule, au niveau de la blessure au sabre, alors qu'un ensemble de câbles et de fils lui rentraient un peu partout dans le corps afin de le maintenir en vie artificiellement. Sur le visage, il portait un large masque respiratoire relié à une bonbonne d'oxygène suspendue au-dessus du lit.
Oracle et Ilis devaient être assises sur les chaises placée à côté du lit avant que le Sith ne rentre. L'aide de camp portait une couverture sur ses genoux qui avait permis à Ilis de se reposer.
La jeune Sith avait quitté sa chaise en entendant la discussion avec le Basalisk mais n'avait pas osé intervenir de peur d'aggraver la situation plus que de l'apaiser. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés et ses yeux rougis par les larmes. Elle se tenait les deux mains au niveau de la taille et se tordait les doigts, sachant pertinemment que la discussion risquait d'être houleuse.
Oldae la regarda un moment avant de porter son regard vers Styneth, sans même passer par l'aide de camp.
- Oldae, je peux tout... commença t'elle avant d'être arrêter par un geste de la main du Sith.
- Il n'y a rien à expliquer, Ilis. Tu étais présente au jugement, tu connaissais ma décision. J'avais ordonné qu'Oracle reste confinée dans ses quartiers, et, à l'instant où je te parle, elle n'y est pas puisqu'elle est devant moi, rétorqua Oldae. Je suis extrêmement déçu de ton attitude. Prépares tes affaires, tu pars dans une heure pour le "Tyal'mad".
- Le Tyal'mad ? Mais c'est le vaisseau du Mandalore, s'exclama Ilis.
- Tu l'assisteras pendant sa campagne et tu me représenteras à ses côtés, répondit Oldae d'une voix d'une neutralité inquiétante.
- Mais, je ne serai pas là quand Adrian se... essaya t'elle.
- C'est un ordre, Ilis, imposa Oldae. Ma décision est sans appel, considères-toi heureuse que ma décision ne soit pas pire. Je t'ai fait la faveur d'accepter de te laisser vivre ta passion, considères-toi heureuse que je ne te l'interdise pas désormais.
- Bien... approuva Ilis, résignée.
Elle porta son regard vers son amour et dépassa Oldae sans lui jeter un regard.
- Tu t'es adoucie, Ilis. Veilles à soigner ce problème, je ne veux plus te voir verser de larmes devant moi, tu es une Sith avant d'être une femme, lui dit Oldae, sévèrement, alors qu'elle était au pas de la porte.
- Bien compris, approuva t'elle sans réelle conviction.
- Rends-moi fière de toi, Ilis, déclara Oldae avant de s'empresser d'ajouter d'une voix qui se voulait plus douce. Si c'est le cas, je veillera à ce que tu puisses revoir le capitaine dès son réveil, je te le promets.
Ilis se retourna vers Oldae, une lueur d'espoir et de remerciement dans les yeux.
- Merci, Anarell, le remercia t'elle sincèrement.
- Ne me déçois pas, tiens ta promesse et je tiendrai la mienne.
- Je ne te décevrai pas, acquiesça la jeune femme avant de jeter un dernier regard à Styneth et de partir.
Oldae s'avança vers le lit médicalisé et regarda Styneth, inconscient. Oracle voulut dire quelque chose mais Oldae l'arrêta aussi d'un geste de la main.
- Vous n'avez rien à dire Oracle. Vous connaissiez les limites que j'avais fixé et, pourtant, vous les avez dépassé une seconde fois.
- Je suis désolé seigneur. Mon rôle est de protéger le maître, j'ai me devais de l'aider ou il serait mort.
- Je devrai vous tuer immédiatement, Oracle, vous le savez ?
- J'en suis consciente, seigneur.
Oldae soupira.
- Quel est son état ? demanda t'il.
- Il est mourant, je le maintiens en vie artificiellement depuis plusieurs heures. Sans moi, il mourrait, expliqua la cyborg.
- Vous pouvez le soigner ?
- Oui, si vous m'en donnez l'autorisation et que je récupère le matériel de son vaisseau, approuva Oracle.
- Bien, je veillerai à faire rapatrier ses affaires rapidement. Vous avez carte blanche pour le sauver, Oracle, ordonna Oldae.
- Vous ne vous opposez pas à ma présence ici ? demanda Oracle, surprise.
- Styneth a sauvé Ilis et des milliers de vie aujourd'hui. Personne n'est là pour faire valoir mon jugement, si ce n'est moi-même. Veillez à le sauver pour le remercier de sa prouesse, c'est la moindre des choses que je lui dois pour toutes ces vies sauvées, déclara Oldae.
- Je vous remercie, seigneur, sincèrement.
- Il n'y aura pas de nouvelles transgressions, est-ce clair ? demanda le Sith. Je compte sur votre discernement, Oracle. Styneth ne veut pas vous perdre alors veillez à ne pas m'obliger à vous tuer.
- Je vous le promets, seigneur, promit-elle. Je retournerai dans mes quartiers dès que j'aurai soigné le maître.
- Bien, approuva Oldae. Capitaine Crawler, faites venir des hommes pour surveiller Oracle pendant qu'elle appliquera les soins et envoyez des hommes pour récupérer les affaires de Styneth.
- Immédiatement, seigneur, acquiesça le Chiss.
- Dans ce cas, je m'en vais vous laisser, déclara le Sith. Oracle, veillez à transmettre mes remerciements à Styneth. Dites-lui que je suis fier de lui, il m'a fait honneur en réussissant cette mission. Ses ordres de mission lui seront transmis à son réveil mais qu'il prenne le temps de reprendre des forces, des tâches difficiles l'attendent.
Dites-lui aussi qu'il pourra revoir Ilis à son réveil dès qu'elle le pourra, il en sera soulagé j'imagine.
- Soyez en assuré que je lui transmettrai, dit Oracle.
Oldae la remercia d'un hochement de tête et sortit après avoir salué le capitaine Crawler.